C’est un nouvel été en sourdine qui se profile pour les gros festivals de musiques actuelles, contraints à l’abandon face à la crise sanitaire et aux restrictions.
Le rendez-vous des Eurocks (128 000 personnes en 2019), un pilier de l’été des festivals, rejoint donc la liste des événements qui n’avaient déjà pas pu se tenir en 2020 et qui ont jeté l’éponge pour 2021. On y trouve déjà Solidays (228 000 personnes en 2019), Hellfest (180.000 spectateurs en 2019), Garorock (162 000 spectateurs en 2019), Le Main Square (115 000 personnes), Art Rock (80 000 personnes en 2019) ou encore le Lollapalooza à Paris (95 000 personnes).
Le cadre fixé par le gouvernement pour l’organisation de festivals cet été – 5 000 personnes maximum, assises et distanciées – ne convient pas à la plupart des gros formats estivaux de musiques actuelles. Le public des Eurocks, sondé début mars (plus de 21 000 réponses), avait ainsi rejeté à 72 % l’idée d’assister aux concerts en étant assis.
Les Eurocks dénoncent dans un communiqué un « carcan » totalement « incompatible avec l’état d’esprit d’un événement vivant et remuant ».
Mais la stratégie de soutien gouvernemental est aussi pointée du doigt par les organisateurs des gros festivals. « On demandait une garantie assurantielle de l’Etat qui nous aurait permis de ne pas avoir cette vague d’annulations », laquelle n’est pas venue, rapporte auprès de l’AFP Jean-Paul Roland, directeur général des Eurockéennes. « On demandait un parachute pour sauter de l’avion et on se retrouve avec un matelas dont on discute encore de l’épaisseur ».
« Ce sera sans nous »
Malika Seguineau, du Prodiss (Syndicat national du spectacle musical et de variété), avait pointé auprès de l’AFP cette semaine « l’insuffisance » du fonds d’aide dédié aux festivals : « Sur les 30 millions, il y en 20 pour la musique -toutes esthétiques confondues, des musiques actuelles au classique- et 10 en direction des arts de rue et du théâtre ». « On comprend qu’il faudrait organiser un évènement sur nos fonds propres, alors que nous en aurons besoin pour réenclencher la dynamique en 2022, nous ne pouvons donc pas prendre ce risque pour 2021 », décryptait encore cette responsable.
« On se rend bien compte que le gouvernement communique sur un espoir retrouvé pour cet été, mais ce sera sans nous »
« Nous ne pouvons pas organiser nos festivals du jour au lendemain, il y a un temps long de préparation, incompressible », insiste encore Jean-Paul Roland. Selon lui, la liste des annulations va « encore s’accroître » car les pertes financières seraient « trop importantes dans le cadre sanitaire actuel ». « On ne nie pas la pandémie, mais ce qui nous fait le plus mal au ventre, c’est qu’on annule encore plus tôt en 2021 qu’en 2020 », conclut-il.
Les organisateurs sont toujours dans l’attente d’un calendrier
Pour l’heure, parmi les festivals majeurs de musiques actuelles, Les Vieilles Charrues (270 000 spectateurs en 2019) et les Francofolies (150 000 en 2019) ont promis de se dérouler en s’adaptant. Le Printemps de Bourges, prévu début mai (200 000 personnes en 2019) a été décalé du 22 au 27 juin. Le Printemps avait déjà anticipé et fait une croix sur sa plus grande enceinte à 10 000 personnes. Mais ses organisateurs sont toujours dans l’attente d’un calendrier pour la réouverture des lieux culturels en France. Le Printemps de Bourges doit par ailleurs servir de cadre — le 22 juin — au second volet des états généraux des festivals sous l’égide de la ministre de la Culture Roselyne Bachelot.