Découvrez ou redécouvrez Dijon au travers de photos anciennes. Le centre Dauphine, le lieu central de toutes les rencontres.
Au cœur de Dijon, le centre commercial Dauphine (que l’on appelait simplement centre Dauphine) est vite devenu un lieu emblématique. Depuis son inauguration en 1973, qu’on le veuille ou non, il était le point de rencontre central, par excellence, de tous les Dijonnais.
Avant que le centre Dauphine n’apparaisse au plein centre de Dijon, on y trouvait un îlot totalement insalubre, ayant abrité un prieuré, l’ancien couvent de l’oratoire de Dijon, une imprimerie et l’ancienne entreprise Gros et Cie qui produisait du fer, de la fonte et de l’acier. Ce lieu mal fréquenté était alors évité autant que possible, où coulait le Suzon à ciel ouvert, jonché d’ordures.
Dans les années 30, on a d’abord transformé cet endroit en réalisant une percée entre la rue du Bourg et la rue de la Liberté, pour apporter un peu plus d’air au centre ancien.
Dans les années 50, on a alors démoli les bâtiments vétustes et plusieurs projets de réhabilitation et de transformations ont émergé. En réponse aux souhaits des habitants et des commerçants qui souhaitaient un accès facilité au centre-ville, à une époque où tout devait être accessible en voiture, la ville a acquis les lieux en 1964 et a décidé de la création d’un parking à ciel ouvert. Inauguré en 1967 et fermé à la toute fin 1970, l’entrée et la sortie se trouvaient au croisement de la rue Dauphine et de la rue du Bourg (qui était 100% ouverte à la circulation à ce moment-là…). Gardé de 8 heures à 1 heure du matin du lundi au samedi, il pouvait accueillir un peu moins de 200 automobiles (les motos ont été acceptées plus tard). Déjà à l’époque on critiquait l’afflux de voitures aux heures de pointe à cet endroit…
Mais cette même année, dans le cadre d’un plan de sauvegarde et de la mise en valeur du centre-ville, la municipalité de Jean Veillet a voté et décidé la construction d’un complexe, en lieu et place de ce parking.
Pendant les 3 ans qui ont précédé la construction du centre, alors que l’architecte Guy Nicot dessinait le « Centre Dauphine », on a assisté à toutes sortes de péripéties :
- un long débat sur l’emplacement de l’entrée et de la sortie du futur parking couvert (qui était dans un premier temps rue Bossuet ; puis, souvenez-vous, respectivement rue Bossuet et rue du Bourg),
- des difficultés juridiques notamment sur la juxtaposition de propriétés privées et d’espaces publics,
- un long bras de fer entre les futurs dirigeants d’un restaurant et l’école Pigier située à proximité immédiate,
- de longues complications techniques notamment dues à la présence du Suzon qui passe juste en-dessous…
Ce n’est qu’au tout début de 1971, à la veille des élections municipales, que le permis de construire a été délivré et que les premiers coups de pelleteuses ont pu avoir lieu. Petit à petit, on commençait à voir apparaître un bâtiment de 7000 mètres carrés sur plusieurs niveaux (4500 mètres carrés de commerce, 2500 pour les bureaux), qui devait « concilier le cadre historique dijonnais et les exigences d’un programme fonctionnel », ainsi qu’un parking souterrain de 300 places.
Est arrivée enfin l’année 1973 et son lot d’inaugurations : le parking en janvier puis le centre commercial en septembre en présence du maire Robert Poujade. Un extrait de son discours : « Le Centre Dauphine est avant tout un carrefour au coeur de la Ville ancienne, s’inscrivant entre les rues de la Liberté et Piron, et les rues Bossuet et du Bourg, à deux pas du Palais Ducal (…) Les piétons seront rois dans le « Centre Dauphine » (…) une architecture résolument contemporaine, voire audacieuse (…) Le « Centre Dauphine » concrétise le rêve souvent impossible dans d’autres villes qu’à Dijon, où il n’y a pas d’espace disponible, d’apporter des solutions contemporaines à la vocation « centre d’affaires » du coeur des vieilles villes. »
Déjà à ce moment-là, le Centre Dauphine répondait à une demande et se distinguait par sa taille et ses services : la presse parlait d’un lieu « très select et original, avec sa galerie ronde, le centre Dauphine est un petit « Parly 2 » (un centre commercial de la région parisienne, ndlr). Les Dijonnais prenaient plaisir à déambuler au Centre Dauphine : une trentaine de commerces étaient présents, des bureaux aux étages supérieurs, un restaurant-brasserie a fini par voir le jour, un patio trônait fièrement avec bassin, jets d’eau et canons lumineux à intensité variable)… un véritable joyau de modernité en plein cœur du centre historique de la ville.
Alors que les zones commerciales commençaient à émerger un peu partout (comme la zone commerciale « Le Grand Marché » à Quetigny, autour de Carrefour arrivé en 1968), la fréquentation du centre Dauphine a peu à peu chuté… On a alors imaginé toutes sortes d’animations pour redynamiser le centre, en couvrant notamment la fontaine pour y créer un espace d’expositions et d’animations temporaires.
Mais le centre Dauphine était aussi un lieu de fête : au milieu des commerces de tout genre et des bureaux cohabitait une boîte de nuit ! Qui n’a pas dansé sur la piste du Pimm’s Club, du Colors, du Hit Club, de l’Endroit, de la Centrale, du Theatro, du Contrast, du Klapton, du QG ou encore de la 5ème Avenue ?
En 2002, des travaux ont permis la construction d’un dôme en verre pour mettre en valeur ce patio en perte de vitesse. En 2003, la municipalité a fermé la sortie du parking souterrain qui se situait rue du Bourg, pour la transférer rue Bossuet, au même endroit que l’entrée.
Devant la perte de vitesse évidente du centre Dauphine, notamment face au centre commercial de la Toison d’Or beaucoup plus spacieux et lumineux, on décide alors dès 2009 d’imaginer un projet de rénovation. Impossible de mettre tous les commerçants d’accord, on a alors décidé de lancer en février 2020 un projet de réhabilitation totale. Cette rénovation comprenait la démolition partielle, l’extension et la surélévation du bâtiment existant pour atteindre une nouvelle superficie de 11.000 m².
Aujourd’hui, le centre est temporairement fermé, les travaux ont commencé, les Dijonnais ont pu repartir avec un morceau du centre en guise de souvenirs (lire notre article, suivre notre lien) et une réouverture est prévue premier semestre 2025 (lire notre article, suivre notre lien).
Cette métamorphose du centre Dauphine, que l’on doit maintenant appeler « Dauphine Dijon », illustre précisément l’évolution constante de la ville qui, tout en respectant son riche patrimoine, se tourne résolument vers l’avenir, en intégrant des espaces commerciaux modernes, des restaurants, un roof-top et même des façades végétalisées. À coup sûr, « Dauphine Dijon » deviendra le nouveau lieu central de rencontres des Dijonnais…
D’autres photos à retrouver sur…
Pour rappel, Flavien du site internet DijonAvant.com dispose d’une collection de photos anciennes de Dijon et de son agglomération, de cartes postales anciennes et semi-modernes, de documents anciens ou de vieux plans.
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Crédit photos : Flavien Raclot|DijonAvant.com ; Archives municipales de Dijon ; Nicolas Salin | OctUp! | J’aime Dijon
