Chaque mercredi, l’équipe de J’Aime Dijon vous concocte une sélection de ses coups de cœur cinématographiques, littéraires et musicaux du moment.
Cette semaine dans un film, un livre un son : le film Simone, le voyage du siècle d’Olivier Dahan ; le livre Le Jeune homme d’Annie Ernaux ; l’album Butterfly, de Kimiko Kasai.
Un film : Simone, le voyage du siècle, de Olivier Dahan (2022)
« Boulversant », c’est le premier mot qui vient à l’esprit quand on sort de la séance du film Simone, le voyage du siècle, réalisé par Olivier Dahan et porté par les fabuleuses Rebecca Marder et Elsa Zylberstein. Ce biopic monumental nous retrace la vie de Simone Veil, de l’enfance, jusqu’au crépuscule de sa vie. De ses plus grands combats avec les camps d’Auschwitz, la présidence du Parlement Européen, la légalisation de l’avortement, mais aussi des phases plus méconnues avec l’évolution de la condition pénitentiaire : le film n’omet aucun détail. Mais au-delà même d’une femme – comme le présage le sous-titre – Simone retrace à lui seul l’évolution d’un siècle entier.
Mise en scène excessive ou devoir de mémoire ?
À relever que le film n’accorde sûrement pas assez d’importance à cette réforme considérable et portée courageusement par Simone Veil sur la dépénalisation de l’avortement en 1975. Autre interrogation et pas des moindres, les différentes scènes dans les camps d’extermination pour le moins explicites. Une mise en scène excessive au risque de choquer ou mettre mal à l’aise le spectateur ? Là était tout l’objectif d’Olivier Dahan : « J’ai eu envie d’impacter le spectateur en le mettant dans une sorte d’apnée pour essayer de rendre compte de ce que les déportés qui sont revenus ont pu décrire de l’arrivée aux camps », avait-t-il expliqué dans une interview donnée au média Slate. Si certaines critiques relèvent un manque de rigueur historique et de pudeur au détriment du grandiloquent, Simone arrive néanmoins à relever un défi principal : celui de la mémoire.
Un livre : Le Jeune homme, de Annie Ernaux (2022)
En octobre dernier, Annie Ernaux est devenue la seizième Française et la dix-septième femme à recevoir le prix Nobel de littérature. Un événement qui nous a donné envie de nous replonger dans une bibliographie des plus riches – avec bien sûr l’incontournable Les Années (Gallimard, 2008) qui retrace avec brio toute une époque, de l’après-guerre au début du XXIe siècle. Une autobiographie à la fois impersonnelle et en même temps collective.
C’est pourtant un autre de ses ouvrages que nous avons choisi aujourd’hui. En 2022, Annie Ernaux sort Le Jeune homme, un court récit autobiographique d’à peine une quarantaine de pages sur sa liaison avec un jeune étudiant de Rouen dans les années 1994-1997. « Si je ne les écris pas, les choses ne sont pas allées jusqu’à leur terme, elles ont été seulement vécues », nous dit l’autrice dès la page de garde. Une belle entrée en matière. À l’image de son oeuvre général, ce livre touche à l’intime tout en racontant l’universel. On se plonge alors dans cet amour « controversé » entre l’auteure qui a alors 54 ans au moment du récit et ce jeune homme de 25 ans. Un amour qui lui permet un instant de revivre ce passé enfoui ; un amant qui lui permet de rejouer les scènes de sa jeunesse et de ce milieu populaire dont elle est issue ; une expérience qui lui fera aussi rejaillir des souvenirs plus douloureux. Malgré une petite épaisseur, ce livre raconte l’amour avec beaucoup de simplicité. Une simplicité qui ne frôle pourtant jamais la banalité. Surtout quand il s’agit de créer ce jeu de miroir entre ce jeune homme – dont on ne connaîtra jamais le nom – et la propre jeunesse d’Annie Ernaux. Atypique par sa brièveté, l’économie des mots du Jeune homme n’en rendra que le message plus fort.
Un son : Butterfly, de Kimiko Kasai
Sélectionné par votre disquaire « The Box » de la rue Jean-Jacques Rousseau pour vous cette semaine, le morceau final de l’album « Butterfly » écrit et produit par le légendaire Herbie Hancock pour la chanteuse Japonaise Kimiko Kasai. Contrairement à tous les autres morceaux de l’album qui sont des compositions originales de Herbie Hancock, ce morceau est une reprise du très célèbre « As » de Stevie Wonder. L’original est déjà parfait, mais avec cette reprise Herbie Hancock a rendu le morceau encore meilleur ! Cet album était à l’origine sorti uniquement au Japon en 1979, il aura fallu attendre 2018 pour que l’excellent label anglais « Be With Records » publie une réédition pour le marché européen. On les en remercie vivement !