23 décembre 1951. Le jour où Dijon a pendu et brûlé le Père Noël

Ça y est, Noël c’est déjà fini ! Chez J’Aime Dijon, on espère que le gentil papa noël vous a bien gâté. Saviez-vous qu’il y a plus 70 ans, ce gros bonhomme à la barbe blanche ne faisait pas l’unanimité… Surtout à Dijon.

C’est en écoutant, jeudi dernier, un podcast de l’émission « Affaires sensibles » (suivre notre lien) sur France Inter, que nous sommes retombés sur cette sordide histoire de Noël se déroulant à Dijon. Un fait-divers qui a fait grand bruit à l’époque et dont l’aura subsiste encore aujourd’hui. On vous raconte…

Au bûcher !

23 décembre 1951, Dijon. Alors que les commerçants terminent la décoration de leurs devantures, une sombre mise en scène s’élabore devant le parvis de la cathédrale Saint-Bénigne. Avec l’accord du clergé, plus de 250 enfants de la paroisse décident de pendre et brûler vif un mannequin géant de 2,50 mètres à l’effigie du Père Noël sur les grilles du monument. Un autodafé qui n’a rien d’anodin tant, depuis quelques temps, les autorités catholiques dénonçaient le « paganisme » et la « laïcisation » de la fête de Noël.

À l’issue de cette exécution, un communiqué du clergé révèle qu’il s’agissait bien d’un « geste symbolique » et non d’une « attraction ». « Le Père Noël a été sacrifié en holocauste. À la vérité, le mensonge ne peut éveiller le sentiment religieux chez l’enfant et n’est en aucune façon une méthode d’éducation. Que d’autres disent et écrivent ce qu’ils veulent et fassent du Père Noël le contrepoids du Père Fouettard. Pour nous, chrétiens, la fête de Noël doit rester la fête anniversaire de la naissance du Sauveur« .

Un fait-divers national

Le fait divers fait grand bruit et traverse les frontières bourguignonnes pour faire la Une des plus grands quotidiens nationaux. France-soir (suivre le lien) – le journal le plus lu à l’époque – décide même d’en faire le sujet de son éditorial dès le lendemain. Son ampleur est telle que l’ethnologue Claude Lévi-Strauss (suivre le lien) en fera même un objet d’étude dans la revue mensuelle les Temps modernes. Il dira à ce propos : « En voulant mettre fin au Père Noël, les ecclésiastiques dijonnais n’ont fait que restaurer une figure rituelle dont ils se sont ainsi chargés, sous prétexte de la détruire, de prouver eux-mêmes la pérennité« .

Face à l’ampleur de l’événement, la municipalité de Dijon avait riposté dès le lendemain en faisant monter sur le toit de la mairie un sapeur-pompier déguisé en Père Noël. Une tradition qui persiste encore aujourd’hui avec la célèbre descente du Père Noël en rappel depuis la tour Philippe Le Bon de Dijon (suivre le lien).