En remportant une médaille de bronze en – 90 kg lors du Championnat du Monde de judo vétérans qui a eu lieu du 31 octobre au 3 novembre 2023 à Abu Dhabi, Alban Trocherie a une nouvelle fois démontré qu’il était l’un des meilleurs judokas de sa catégorie vétérans. Le Dijonnais, chef d’entreprise dans le domaine de la sécurité, ajoute une nouvelle ligne à un palmarès déjà bien fourni. Fier de représenter les couleurs tricolores dans le monde entier, le judoka l’est tout autant lorsqu’il s’agit de promouvoir la pratique et les belles valeurs du judo vétérans ; la compétition peut être un moteur, mais elle se fait dans un esprit sain de convivialité, de respect et d’adaptabilité aux possibilités de chacun dans le cadre du sport santé.
Dans la famille Trocherie, le judo est une passion qui se transmet à travers les générations : « mon père est 6e dan, ma mère est ceinture bleu, mes oncles sont ceintures noires, mon frère est ceinture marron, et ma soeur est ceinture noire, tout comme l’une de mes filles », précise Alban qui a débuté le judo dès l’âge de 3 ans. Depuis cet âge, son investissement dans la discipline ne l’a plus quitté, jusqu’à lui permettre d’intégrer le Pôle France et de s’illustrer dans le sport de haut niveau avec un titre de champion de France par équipe et une cinquième place en individuel. Mais après 10 ans de carrière, Alban Trocherie décide, en 1996, d’y mettre fin et d’entamer une reconversion professionnelle dans le domaine de la sécurité. Le Côte-d’Orien d’origine Bretonne fait d’abord ses preuves à l’occasion de l’ouverture de la Foire de Dijon, au sein de l’entreprise Power Sécurité. Un poste de plus longue durée lui est ensuite proposé par l’entreprise, au sein de laquelle Alban monte les échelons jusqu’à quitter la capitale ducale pour la ville des lumières pendant quatre ans.
De retour dans le département en 2010, l’ex athlète de haut niveau décide de réaliser des changements dans sa vie : il monte sa propre boîte de sécurité, SARI Sécurité, notamment connue pour la taille de sa salle de commandement, et remet le kimono. Une bande de copains le pousse à découvrir le judo vétérans. « J’ai tout de suite adoré l’esprit et l’éthique du judo vétérans. Le judo se pratique à tout âge, il est même essentiel pour le sport santé », rappelle l’athlète qui est également impliqué dans l’organisation de la discipline depuis quelques années. « Le judo vétérans est un grand pourvoyeur de licenciés. Un groupe de travail s’est mis en place au niveau national pour structurer et dynamiser la catégorie : un Championnat de France a été créé il y a deux ans pour emboiter le pas des compétitions internationales ».
Retour au plus haut niveau
Mais, compétiteur dans l’âme, Alban ne limite pas son retour dans le judo à la pratique loisir. Très vite, l’ex membre du Pôle France se prépare pour revenir au plus haut niveau, après quelques années d’absence. Le judoka se met tout de suite en évidence en remportant une médaille d’argent à l’European Master Games (EMG) de 2015. S’il ne parvient pas encore à réaliser de podium en Championnat du Monde et en Championnat d’Europe, Alban réitère à l’EMG en glanant une nouvelle médaille, cette fois-ci de couleur bronze, en 2019. Dès 2022, sur le conseil de Philippe Taurines, ancien entraineur des Équipes de France de Judo, l’actuel pensionnaire de l’AS Quetigny modifie sa préparation mentale pour passer un cap dans ses résultats. Des activités de détente, dont la pêche, toute l’année, ainsi qu’une mise au vert culturelle la veille de tournoi lui permettent de mieux se concentrer. Les effets ne se font pas attendre puisque lors du Championnat du Monde 2022 à Cracovie, le Côte-d’Orien termine à la troisième place de la compétition. Si le résultat ne surprend guère le monde du judo, compte tenu du profil et du potentiel d’Alban, ce dernier a validé son objectif de carrière : réaliser un podium mondial. De quoi alimenter les ambitions du Français qui avait donné rendez-vous au Championnat du Monde 2023 à Abu Dhabi pour confirmer voire améliorer sa performance en devenant, peut-être, Champion du Monde.
Un environnement compétitif
Pour y arriver, Alban a mis toutes les chances de son côté et a pu compter sur un environnement sérieux et compétitif. « C’est devenu le projet Abu Dhabi 2023, confirme Alban. De nombreux soutiens m’ont permis de le réaliser ». Le judoka a bénéficié d’un accompagnement sportif qui lui a donné l’opportunité de concilier son projet avec sa vie professionnelle, déjà très prenante.
L’AS Quetigny, reconnu comme l’un des meilleurs clubs de judo en France, a œuvré pour que le Champion puisse se préparer du mieux possible au sein de ses infrastructures. « Je suis très reconnaissant envers le club qui m’a fait confiance en me permettant de personnaliser ma préparation. J’ai eu la chance, aussi, de pouvoir travailler techniquement et physiquement avec deux jeunes judokas très talentueux, Flo et Thomas, qui ne m’ont pas ménagé, se réjouit Alban qui, après sa déconvenue du Championnat de France 2023, a énormément travaillé pour revenir à son meilleur niveau. Au programme : 8 à 10h d’entrainement par semaine, comprenant des séances de judo, de cardio et de musculation pendant quatre mois, de juillet à octobre. Et même une session d’entrainement à l’extérieur avec l’équipe nationale suisse, durant laquelle Alban s’est cassé un orteil, deux semaines avant le début du Championnat du Monde. « Ça n’a pas eu d’incidence sur ma performance, j’ai quand même pu dérouler mon judo le jour de la compétition, tempère Alban. La blessure fait partie du quotidien du sportif, il faut savoir faire avec ».
En effet, le Français a eu un parcours quasi parfait le jour de la compétition : un ippon sur le Canadien Eric Velez, un waza-ari et un waza-ari awasete ippon sur le Géorgien George Siradze, un shido, un waza-ari et un waza-ari awasete ippon sur l’Angolais Jose Semedo, puis une demi-finale très attendue contre le Portugais Alexandre Viera. Rien que ça ! « Connaissant très bien Alexandre, je savais que le combat serait rude. J’avais donc élaboré une stratégie pour atteindre le golden score et accélérer à ce moment là. Mais, je fais une erreur qui me fait perdre le combat à une seconde de la fin du temps réglementaire. J’étais frustré car, compte tenu de ma forme du moment, je pouvais atteindre la finale. Mais ma coach, Cathy Arnaud, 8e dan, double Championne du Monde et Médaillée Olympique, m’a tout de suite remobilisé, se remémore Alban. Pour la troisième place, j’affronte un véritable client, le Tchèque Arnold Chlebovy, un grand gaillard avec une garde à droite. Étant moi-même gaucher, son judo m’allait très bien : je l’ai enveloppé, enroulé, capturé complètement dans mon judo et c’est passé deux fois. Le podium était au bout« .
Des partenaires présents
La réussite de ce projet, Alban la doit aussi à ses nombreux partenaires, issus de la sécurité et/ou de l’évènementiel, dont Dahua Technology France, Veditec, BMCA Sécurité, son ami Hubert, et l’agence dijonnaise EMA Events, qui a travaillé sur l’organisation du concours Miss France cette année. La radio Fréquence Plus lui a également apporté un soutien. « Les vétérans doivent auto-financer leurs déplacements en compétition, ce que je trouve tout à fait normal ! Les clubs doivent en priorité soutenir le sport jeunesse, rappelle Alban. Avec mon métier, j’ai la chance de nouer des amitiés solides. Je remercie tous mes sponsors qui m’ont témoigné leur confiance et qui me permettent d’aller plus loin dans mon projet judo ». Car à 49 ans, le judoka n’est pas encore prêt de raccrocher le kimono. « Je m’étais fixé la limite des 50 ans pour arrêter la compétition. Mais, j’avais prévenu ma femme ! Je n’arrêterai pas si une compétition internationale a lieu au Japon, temple du judo, ou dans un lieu insolite. Il se trouve que le prochain Championnat du Monde aura lieu à Las Vegas en 2024. J’y serai, d’autant plus que je ne souhaite pas terminer ma carrière sur une troisième place. Je veux faire mieux ! », prévient le Champion.
C’est noté, rendez-vous est pris. À l’année prochaine !