Covid : trois nouveaux départements soumis aux restrictions renforcées. Bientôt la Bourgogne Franche Comté ?

Les départements de l’Aube, de la Nièvre et du Rhône vont s’ajouter aux seize soumis depuis samedi à des mesures de freinage renforcées pour affronter la nouvelle poussée de l’épidémie de Covid-19, en attendant une accélération de la vaccination.

« Des concertations auront lieu cet après-midi » pour faire passer ces départements sous régime renforcé, a annoncé le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal mercredi à l’issue du conseil des ministres, tenu dans la foulée d’un nouveau conseil de défense sanitaire.
Le taux d’incidence dans le Rhône, et notamment à Lyon, approche la barre des 400, à 383 pour 100.000 habitants, et atteint 329 dans la Nièvre et 445 dans l’Aube, selon Santé Publique France.

« Je parlais devant vous il y a deux semaines de gros temps à venir ; nous y sommes », a-t-il constaté. « La situation épidémique est mauvaise et il nous faut agir, aller plus loin, là où le virus circule le plus, là où la dynamique générale est la plus forte, là où l’hôpital et le plus éprouvé ».

Le gouvernement reste fidèle à sa stratégie de territorialisation et de riposte graduée à l’épidémie. Et ce nouveau tour de vis était attendu, Emmanuel Macron ayant souligné mardi que « si d’autres territoires » connaissaient la même dégradation de leurs indicateurs, il faudrait « sans doute l’entendre ».

Mais épidémiologistes et médecins réclament un confinement strict dans les zones où l’épidémie flambe. Ainsi en Ile-de-France, où le directeur de l’AP-HP Martin Hirsch a constaté dans un courriel à ses équipes mercredi matin que tant en termes d’hospitalisations conventionnelles que de réanimations, les services n’ont « pas connu un nombre d’entrées aussi haut en 24 heures depuis la première vague » de mars 2020.

« Si ces mesures sont pleinement appliquées, elles auront un effet sur l’incidence dans notre pays » du virus et sur le niveau d’occupation des places en réanimation, a défendu Gabriel Attal.
Comme Emmanuel Macron la veille, il a aussi insisté sur la nécessité de recourir, pour les entreprises qui le peuvent, au maximum au télétravail, et a de nouveau promis contrôles et sanctions accrus.

Le Premier ministre Jean Castex « cherche toujours à éviter un troisième confinement », confie à l’AFP une source gouvernementale, alors qu’en Allemagne, la chancelière Angela Merkel, très critiquée pour avoir voulu une mise sous cloche du pays tout entier pour le week-end de Pâques, a dû rétropédaler.

Le ministre de la Santé Olivier Véran doit lui être interrogé mercredi après-midi sur cette stratégie lors d’un débat à l’Assemblée nationale sur « le suivi de la crise sanitaire ».

Au sein du gouvernement, une deuxième ministre, celle de la Culture, Roselyne Bachelot, âgée de 74 ans, a été hospitalisée mais dans un « état stable » qui « n’inspire pas d’inquiétudes », a assuré son entourage mercredi matin. La ministre du Travail Elisabeth Borne, hospitalisée lundi, a elle annoncé sa sortie.

« On va dans le mur »

Face à la saturation des services hospitaliers, une partie du monde médical gronde.
« On marche sur la tête avec des mesures qui sont complètement déconnectées de la réalité », a estimé sur Cnews le Pr Gilles Pialoux, chef de service des maladies infectieuses et tropicales à l’hôpital Tenon à Paris, dénonçant la fermeture de l’activité opératoire pour soigner des patients atteints du Covid.

En Ile-de-France, le semi-confinement est une mesure « hors-temps ». « Je ne vois pas comment ça peut freiner… On va dans le mur », a-t-il estimé, appelant l’exécutif à « ne pas perdre le lien avec le terrain, et se méfier aussi de l’opinion publique ».
Le nombre de malades du Covid soignés en réanimation augmente régulièrement ces derniers jours, de 4.400 dimanche à 4.634 mardi, pour se rapprocher du pic de la 2e vague de l’automne (4.900 le 16 novembre).

Depuis samedi, dans 16 départements, dont toute la région parisienne, les Hauts-de-France, une partie de la Normandie et les Alpes-Maritimes, de nouveaux commerces ont fermé, les déplacements sont limités à 10 km, sauf motif dérogatoire, et le gouvernement a renforcé ses appels au télétravail et à ne pas inviter d’amis chez soi.

En Martinique, où l’épidémie repart, la préfecture a annoncé un couvre-feu à compter de vendredi de 22H00 à 06H00, pour trois semaines.
Comme ailleurs en Europe, l’exécutif compte sur la vaccination qu’Emmanuel Macron a promis mardi d’accélérer et d’élargir aux 70-75 ans sans comorbidités dès samedi et à partir de mi ou fin avril aux enseignants.

Gérald Darmanin a d’ailleurs annoncé mercredi l’ouverture de 38 vaccinodromes gérés par 25.000 sapeurs-pompiers formés à la vaccination et 2.500 en charge de la logistique.
Selon le dernier bilan du ministère de la Santé, près de 6,6 millions de personnes ont reçu une première dose, dont 2,5 millions ont été vaccinées avec deux.

Gabriel Attal a au passage qualifié mercredi les retards de livraison du vaccin AstraZeneca de « situation totalement inacceptable », alors que l’Union européenne compte durcir son contrôle des exportations de vaccins produits dans l’Union européenne pour « garantir » les approvisionnements des membres de l’UE.

« Moins de baratin »

L’opposition, elle, focalise toujours ses critiques sur des mesures jugées tardives et brouillonnes, avec l’épisode des attestations ratées le week-end dernier, et la lenteur de la vaccination sur fond d’approvisionnement ralenti et de polémique sur AstraZeneca.
« Pourquoi est-ce que le freinage intervient maintenant au mois de mars, alors qu’il aurait dû intervenir au mois de janvier », avec le « risque » désormais de devoir « trier les malades », a interrogé le premier secrétaire du PS Olivier Faure sur Sud Radio.