Barnier à Matignon. Les réactions des élus à Dijon et en Côte-d’Or

L’Élysée a officialisé ce jeudi après-midi la nomination, par le Président de la République Emmanuel Macron, de Michel Barnier (Les Républicains) au poste de Premier ministre. Une décision qui a suscité de nombreuses réactions politiques à Dijon et en Côte-d’Or.

C’est fait ! Après de longues semaines d’attente, la France a un nouveau Premier ministre : Michel Barnier. Membre de Les Républicains (LR), l’homme d’État a déjà eu plusieurs expériences ministérielles durant les mandats de François Mitterrand, Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy.

Ministre des affaires européennes, Ministre des affaires étrangères, Député et Commissaire européens, ainsi que négociateur du Brexit par le passé, il est également connu pour sa gestion des dossiers internationaux.

Issu de la droite, Michel Barnier doit encore constituer un Gouvernement avec le Président et s’assurer de la confiance de l’Assemblée nationale, répartie en trois blocs (suivre notre lien). Il aura ensuite la lourde tâche de faire voter la loi de finances 2025.

Les réactions des élus de Dijon et de Côte-d’Or

Cette nomination, critiquée à gauche et appréciée à droite, a suscité de nombreuses réactions politiques parmi les élus à Dijon et en Côte-d’Or.

Les élus de gauche

  • François Rebsamen (Fédération Progressiste), maire de Dijon et président de Dijon Métropole : « 60 jours plus tard, nous apprenons la nomination surprise de Michel Barnier, Premier ministre issu d’une famille politique qui n’a pas joué le jeu du front républicain contre l’extrême droite. Ce Premier ministre, homme politique d’expérience, de droite et européen convaincu, est désormais en liberté surveillée par le Rassemblement national. Par son intransigeance, une partie de la gauche qui a refusé toute forme de compromis en annonçant à l’avance la censure d’un gouvernement Cazeneuve a privé notre pays et les Français d’avancées sociales portées par une gauche de gouvernement capable de dialoguer avec les autres formations politiques républicaines. »
  • Océane Godard (PS), députée de la première circonscription de la Côte-d’Or : « Si la droite était arrivée en tête aux élections législatives, le Premier ministre aurait-il été de gauche ? Cette décision du Président de la République est un non sens. Il met un coup de barre à droite alors que les Français ont clairement et nettement exprimé une volonté de changer de politique et de méthode pour piloter le pays, avec plus de considération et d’écoute, et moins de mépris. Le Président reste sourd et dans un déni démocratique. Il impose la continuité de sa politique. C’est incompréhensible et grave d’un point de vue constitutionnel, démocratique et politique. Il n’y a pas de vainqueur dans cette élection. Pour autant, la coalition de gauche est arrivée en tête. À aucun moment, il y a une reconnaissance de l’expression démocratique des Français. Emmanuel Macron tend lui la main à la droite, avec le consentement du Rassemblement National. »
  • Billy Chrétien (Les Écologistes), conseiller départemental de la Côte-d’Or : « Si ça avait été une plaisanterie, ça n’aurait pas été très drôle. Il y avait toute une volonté pendant la campagne de faire front républicain et barrage à l’extrême droite. Dans les urnes, il y a eu un gros rejet du Rassemblement National par rapport à ce qui était attendu, mais également de la politique menée par le Président. On a eu le soulagement de voir la gauche arriver en tête pendant les élections législatives, et malgré tout, le Président nous impose encore sa cadence à marche forcée. Il y a un sacré coup de barre à droite. Michel Barnier a été casté pour ne surtout pas détricoter les mesures libérales du Président, et notamment la réforme des retraites. Quelle que soit la composition du gouvernement, ce sera la poursuite d’une politique menée depuis un petit moment. On continue, mais en pire. La symbolique me dérange également : on passe du plus jeune Premier ministre, ouvertement homosexuel, au plus vieux pas très « friendly » si on regarde ses votes contre la dépénalisation de l’homosexualité et le Pacs. On a eu la chance qu’il ne s’exprime pas sur le mariage pour tous, il a été sauvé par le Brexit à ce moment-là. Les Écologistes de Côte-d’Or seront au rassemblement ce samedi à Dijon, on le voit comme un rassemblement citoyen face à l’affront fait par rapport à l’élection dont on sort. Je suis sidéré de voir les LR entrer à Matignon compte tenu de leur représentation à l’Assemblée… Il faut maintenant arriver dernier à une élection pour devenir Premier ministre. »

Les élus de droite

  • François Sauvadet (UDI), président du Département de la Côte-d’Or : « Félicitations à Michel Barnier pour sa nomination comme Premier ministre. Dans le contexte que nous vivons, il est, j’en suis convaincu, l’homme de la situation. Son expérience, à la fois locale, nationale, européenne et ses qualités de négociateur seront précieuses à notre pays. Je salue le choix du Président de la République. Il correspond au portrait robot que j’avais dressé à Emmanuel Macron lors de mon entretien. Un ancien président de conseil général nommé à Matignon, c’est une chance pour la France. »
  • François-Xavier Dugourd (LR), vice-président du Département de la Côte-d’Or : « Il faut débloquer la situation. Emmanuel Macron n’y arrive pas. Michel Barnier peut en avoir les capacités. C’est quelqu’un de très compétent et qui a de l’expérience. C’est un élu local avec une grande expérience territoriale et qui connaît bien le terrain. Il a une expérience ministérielle. C’est un homme d’état. Et par ailleurs, il a une compétence internationale. Cela sera très utile face aux difficultés. Mais c’est aussi une personne de dialogue et quelqu’un de droit et de droite. Ce n’est pas neutre, il a des valeurs et fera tout pour porter un certain nombre de convictions que nous avons pour trouver des solutions dans notre pays. Notamment sur les problèmes économiques, de finances publiques, de pouvoir d’achat, de sécurité, de contrôle de l’immigration. Il y a des dossiers majeurs. Dans la situation dans laquelle on est, il faut faire preuve de responsabilité. On sait que c’est compliqué, mais en tout cas, nous apportons tout notre soutien et nos encouragements à Michel Barnier. »
  • Henri-Bénigne de Vregille (Horizons), conseiller municipal de Dijon : « C’est une triple bonne nouvelle. D’abord, la France ne pouvait pas rester sans gouvernement trop longtemps. Un pays qui n’avance plus, c’est un peu comme le vélo, on se casse la figure. Ce ne sera pas simple. Ce sera du compromis, de la négociation permanente. Mais Michel Barnier a l’expérience pour ça : il a piloté le Brexit. C’est quand même une carte de visite assez impressionnante. Comme l’a dit Edouard Philippe, président de Horizons, on sera très nombreux à l’aider à avancer. La deuxième bonne nouvelle est que la droite républicaine retrouve le chemin du gouvernement et des réalités. Depuis 2012, elle s’enfermait dans une intransigeance qui la desservait elle et le pays. En retrouvant le chemin du gouvernement, elle va retrouver celui des compromis et du dialogue avec les modérés qu’il faut aussi décliner dans les territoires, notamment à Dijon. La troisième bonne nouvelle est que le NFP s’éloigne du pouvoir, avec le programme qu’il avait présenté lors des législatives et qui était dangereux pour notre économie. »
Auteur : Pierre Bruynooghe
Crédit photo : Institut Jacques Delors