La composition du nouveau Gouvernement Barnier a suscité des réactions politiques à gauche et à droite à Dijon et en Côte-d’Or.
Le Président de la République Emmanuel Macron a nommé un nouveau Gouvernement, composé de 39 ministres, sur proposition du Premier ministre Michel Barnier, le samedi 21 septembre. Sur fond d’accord avec la majorité présidentielle et la droite républicaine, sur les 19 portefeuilles ministériels de plein exercice, dix ont été attribués au bloc central (Renaissance-Modem-Horizons), huit à la droite (LR-UDI-DVD) et un seul pour la gauche (DVG).
Réactions des élus
La couleur de cette nouvelle majorité relative (212 députés sur 577 à l’Assemblée nationale), et la nomination de personnalités représentant l’aile conservatrice de LR, ont suscité des réactions politiques à gauche et à droite à Dijon et en Côte-d’Or.
À gauche
François Rebsamen (Fédération Progressiste), maire de Dijon et président de Dijon Métropole : « Il était temps qu’il y ait un gouvernement pour la France. Il est indispensable d’arrêter un projet de loi de finances. Notre pays est en état financier difficile. Le déficit est important. Il convient qu’il y ait un gouvernement qui fasse des propositions. Quand la gauche ne veut pas que la gauche gouverne, il ne faut pas s’étonner que ce soit un gouvernement de droite. C’est un gouvernement mené par un Premier ministre respectable, un européen convaincu avec lequel il faudra travailler parce que ce qui compte aujourd’hui c’est l’intérêt de notre pays. Je souhaite à Monsieur Barnier de réussir. Il y a néanmoins dans son gouvernement des gens proches de la droite extrême, des catholiques très conservateurs qui s’opposent à des évolutions de société comme l’IVG. Ça fait ringard, mais c’est quand même comme ça pour eux. Je pense au ministre de l’Intérieur, j’espère qu’ils n’auront pas trop l’occasion de s’exprimer. Mais par ailleurs, il y a des personnalités interessantes comme Madame Pannier-Runacher qui reprend le ministère de l’Écologie. Didier Migaud à la Justice, ça me semble assez logique, c’est une bonne chose. Il y a beaucoup de ministres qui sont à leur place. Je souhaite que ce gouvernement prenne à bras le corps les sujets financiers qui se posent, et aide notre pays à respecter les engagements européens qu’il a pris. »
Océane Godard (PS), députée de la première circonscription de Côte-d’Or : « 70 jours pour ça. La première émotion est la déception et l’incompréhension. Comment expliquer aux Françaises et Français que ce sont les perdants qui ont gagné ? Ils ont positionné le NFP en première position. Ils ont exprimé une volonté de changement en rupture avec la politique d’Emmanuel Macron, et une volonté de ne pas voir le RN à la tête de ce pays : deux tiers ont voté pour le front républicain. Cela veut-il dire que ce que l’on exprime légitimement en votant ne compte pas ? Je n’adhère pas à ce que j’ai pu entendre sur l’Aide Médicale d’État. La gauche et le PS dans lequel je suis sauront être vigilants et s’opposeront aux idées du passé qui seront très probablement proposées. Cet été, pendant les Jeux Olympiques et Paralympiques, les Français ont adhéré aux valeurs d’universalisme, d’humanisme et de tolérance, et à la vision proposée par Thomas Joly, Anne Hidalgo et Tony Estanguet. Quand on voit cette ferveur populaire, cette réconciliation et ce rassemblement durant l’été, il y a l’expression d’un désir, des énergies positives et une demande d’ouverture ! Et là, on nous impose tout l’inverse avec un logiciel périmé, une vision de la société qui est dépassée, sans tenir compte de la crise environnementale, énergétique et écologique. À aucun moment, on sent une prise en compte et la volonté d’avoir un logiciel beaucoup plus adapté aux enjeux actuels et portant une vision d’avenir. »
Billy Chrétien (Les Écologistes), conseiller départemental : « On est dans une période trouble. L’idée de Michel Barnier était d’être le Premier ministre de tous les Français. Je m’étais donc attendu à ce qu’il édulcore un peu plus ses positions sociétales en proposant des ministres moins conservateurs. En réalité, c’est tout l’inverse avec un renforcement des valeurs traditionalistes. Je n’avais pas compris qu’il fallait arriver dernier des élections législatives pour être nommé à Matignon et récupérer autant de ministères. Et si je pense à l’écologie, j’ai l’impression qu’elle sera réduite à peau de chagrin. De mémoire, Bruno Retailleau disait que les élus qui soutenaient Les Soulèvements de la Terre devaient être destitués… Ça en dit long sur sa vision de l’écologie ! La Forêt est rattachée au ministère de l’Agriculture dirigé par Annie Genevard, très à l’écoute de la communauté de la chasse, bien souvent opposée à la protection de la nature dans les espaces de forêt. Le secrétariat à la biodiversité a carrément disparu ! Je repense à Emmanuel Macron qui disait que son quinquennat sera écologique ou ne le sera pas… Il l’est de moins en moins. »
À droite
François Sauvadet (UDI), président du Département de la Côte-d’Or et de l’Assemblée des Départements de France : « Félicitations aux nouveaux ministres du gouvernement de Michel Barnier avec une mention pour Catherine Vautrin qui prend en charge le partenariat avec les territoires et François Durovray du Département de l’Essonne. L’Assemblée des Départements de France poursuivra un dialogue confiant et exigeant. Il y a urgence à agir. »
Henri-Bénigne de Vregille (Horizons), conseiller municipal de Dijon : « La nomination d’un Gouvernement, c’est évidemment positif. Comme dans tous les groupes sociaux, dans les entreprises et associations, s’il n’y a pas de pilotage, ni objectif, ni décision, ça finit par ne plus fonctionner. Ça devenait vraiment urgent. Des décisions importantes étaient bloquées. Le travail sur le budget était bloqué. Notre pays a vraiment besoin de montrer des gages de crédibilité, notamment en lien avec le financement de notre dette. Il y a un aspect de bonne gestion qui est crucial. Michel Barnier a aussi évoqué la possibilité d’utiliser la fiscalité pour permettre de rééquilibrer nos comptes sans toucher au travail, ni aux classes moyennes. Ça coche plutôt les bonnes cases. Sur la composition du gouvernement en tant que tel, elle va de la droite conservatrice au centre gauche, en prenant toutes les composantes entre ces deux extrémités. C’est un espace politique qui est important dans notre pays, sans doute plus important dans l’opinion qu’il ne l’est dans sa proportion de représentation à l’Assemblée nationale. C’est un espace politique théorisé par Edouard Philippe, le président de Horizons, qui nous convient tout à fait. Horizons participe au Gouvernement, notamment avec Paul Christophe qui est ministre des Solidarités, et qui était président des affaires sociales à l’Assemblée nationale. C’est quelqu’un qui connait bien les sujets et qui saura porter les thématiques de ce ministère. »