La 5G est-elle dangereuse pour la santé ? La question monte, et les inquiétudes aussi, au fur et à mesure du déploiement de cette nouvelle technologie de téléphonie mobile. Le point sur ce qu’en dit la science.
Actuellement sur Dijon, on recense 61 antennes-relais de téléphonie mobile 5G :
- Bouygues Telecom : 18 antennes-relais
- Free Mobile : 31 antennes-relais
- Orange : 0
- SFR : 12 antennes-relais
La 5G, c’est quoi ?
C’est une petite révolution dans l’industrie des télécoms ; cette technologie offre un débit beaucoup plus élevé que la 4G, et un accès beaucoup plus rapide aux contenus. La possibilité de faire circuler des milliards de données sans engorgement est aussi un avantage sans précédent.
La 5G doit permettre à un grand nombre d’équipements électroniques de s’interconnecter entre eux, ce qui permettra une utilisation pour des applications futuristes comme les voitures autonomes, des usines automatisées, de la chirurgie à distance, des robots « intelligents »…
Afin d’augmenter le volume de données, la 5G utilise une bande de fréquences plus haute que la téléphonie mobile actuelle : à partir de 3,5 GHz d’abord puis, à terme, au-dessus de 26 GHz.
Cependant, plus la fréquence est haute, et plus la portée des ondes est courte. C’est pour cette raison que le déploiement de la 5G nécessite d’augmenter le nombre d’antennes ; une perspective qui inquiète certaines ONG.
Radiofréquences et santé : que dit la science ?
Les sources d’exposition aux radiofréquences sont nombreuses : les téléphones portables, la télévision, la radio ou la wi-fi… ce qui provoque « des craintes », comme le reconnaît l’OMS.
« Malgré de nombreuses recherches, rien n’indique pour l’instant que l’exposition à des champs électromagnétiques de faible intensité soit dangereuse pour la santé humaine », souligne l’OMS.
Pour l’instant, cette absence d’effet avéré à court terme vaut « pour les différentes sources d’exposition, les téléphones mobiles étant parmi les plus présents en nombre et en intensité », avait expliqué Olivier Merckel, expert de l’Agence de sécurité sanitaire Anses, avant le démarrage en janvier 2020 de l’expertise qu’elle mène sur la 5G.
Cependant, des études évoquent « une possible augmentation du risque de tumeur cérébrale, sur le long terme, pour les utilisateurs intensifs de téléphones portables », rappelle l’Anses, qui a publié en 2013 une évaluation des risques liés aux radiofréquences.
C’est pourquoi le Circ, l’agence de l’OMS spécialisée dans le cancer, a classé en 2011 les radiofréquences comme « peut-être cancérogènes pour l’homme », en recommandant les kits mains libres pour les portables.
Par ailleurs, dans un rapport de 2016, l’Anses a estimé que les ondes des portables, tablettes ou jouets connectés pouvaient avoir des effets sur les fonctions cognitives : la mémoire, l’attention, la coordination des enfants. Elle a donc recommandé de limiter leur exposition.
Effets biologiques ou sanitaires ?
« Le principal effet biologique des champs électromagnétiques de radiofréquence est de nature thermique », c’est-à-dire l’augmentation de la température des zones exposées, selon l’OMS.
C’est le principe des fours micro-ondes, et c’est pourquoi des seuils de puissance sont imposés aux portables (exprimé en dBm, ou décibel-miliwatt).
Par ailleurs, « des études ont montré l’existence d’effets biologiques sur certains paramètres très spécifiques, comme le sommeil ou la tension », selon Olivier Merckel.
Mais, et ce point est important, effet biologique ne veut pas forcément dire effet sanitaire, c’est-à-dire danger pour la santé. Une distinction difficile à saisir pour le grand public.
Des effets biologiques sont le signe que l’organisme s’adapte aux variations de son environnement. Par exemple, l’effort physique fait monter la température du corps, ce qui est une réaction physiologique normale et réversible.
Toute la question est de savoir si l’accumulation d’effets biologiques dépasse la capacité d’adaptation de notre corps, ce qui peut alors avoir des conséquences sur la santé.
Des questions spécifiques à la 5G ?
C’est l’objet de l’expertise que mène l’Anses. Ses premiers constats devraient être communiqués fin avril/début mai, avant la publication du rapport définitif à la rentrée, avec des recommandations.
Dans sa feuille de route, l’agence a relevé « un manque important, voire une absence de données relatives aux effets biologiques et sanitaires » dans les bandes de fréquences concernées.
Ses experts vont travailler de façon distincte sur les deux types de fréquences utilisées par la 5G, car ils ne soulèvent pas les mêmes interrogations.
Les bandes de fréquence grâce auxquelles on commence à déployer la 5G, autour de 3,5 GHz, « sont proches de celles utilisées actuellement pour la 4G ou le wi-fi », selon M. Merckel.
Cela ne change donc pas radicalement les questions que se pose la science, même si, selon l’Anses, « la spécificité des signaux 5G (modulation, puissance) pourrait influencer les niveaux d’exposition ».
En revanche, la donne est différente pour les fréquences qui seront utilisées ensuite, à partir de 26 GHz (c’est ce qu’on appelle la « 5G millimétrique »).
« A partir de 10 GHz, l’énergie électromagnétique ne pénètre pratiquement plus dans le corps mais est concentrée au niveau de la peau: ça pose des questions différentes en matière d’effets potentiels sur la santé », selon M. Merckel.
« Les données de la recherche sur les fréquences les plus élevées, entre 20 et 60 GHz, sont encore peu nombreuses », a souligné l’Anses dans sa feuille de route.
En 2012, elle a évalué les risques de scanners corporels utilisés dans les aéroports, qui fonctionnent également avec des ondes millimétriques. Conclusion: « ce type de scanner ne présenterait pas de risque pour la santé ». Mais si les ondes sont de même type, l’usage est différent: avec la 5G, l’exposition du public sera beaucoup plus large.
Une société qui va trop vite ?
Au-delà de la question des ondes, les ONG opposées à la 5G craignent qu’elle nous fasse basculer dans un monde hors de contrôle : une société où tout ira trop vite et où les gens seront toujours plus connectés, les yeux plus que jamais rivés sur les écrans.
Cette question, celle de l’impact sociétal de ces technologies, est également au programme de l’Anses, dans une autre étude qui prendra au moins deux ans.
Elle ne portera pas spécifiquement sur la 5G et n’abordera pas la question du rayonnement, mais traitera des effets de l’exposition au numérique sur la santé au sens large: bien-être, santé mentale, obésité, etc.