La BD Le Dossier Thanatos est exposée au jardin de Darcy jusqu’au 20 février. Son illustrateur Jean-Louis Thouard, se livre à J’aime Dijon.
Si vous marchez près du jardin Darcy, vous avez peut-être vu l’exposition dédiée à la bande dessinée Le Dossier Thanatos. Celui qui a dessiné ces planches, c’est Jean-Louis Thouard. Le Toulousain bourguignon d’adoption nous a fait le plaisir de répondre à nos questions.
Comment êtes-vous tombé dans la marmite de la bande-dessinée ?
Jean-Louis Thouard : Belle référence à Astérix et Obélix (rires) ! Tout petit, j’adorais lire de la science-fiction, des romans policiers, un peu d’horreur, etc. Mon père m’achetait pas mal de BD et j’ai commencé à raconter mes propres histoires, en m’inspirant mes lectures à travers le dessin. J’aimais beaucoup dessiner ce que je lisais et c’est comme cela que la bande-dessinée est venue.
Après le bac, je suis allé dans une école d’art à Strasbourg où j’ai pu progresser et rencontrer d’autres illustrateurs, d’autres créateurs. Cela fait maintenant une vingtaine d’années que je travaille sur Dijon et que je collabore avec des éditeurs comme Casterman ou dernièrement avec Robinson Hachette.
Vous avez un coup de crayon très brut, steampunk comme vous le qualifiez. Est-ce que vous adaptez votre style en fonction du scénario ?
Bien sûr, c’est même assez excitant de changer d’univers de temps en temps. J’ai travaillé dans un style heroic fantasy, dans le polar, dans l’aventure, etc. Donc c’est super. Ça fait partie un peu de la logique de ce métier de pouvoir changer d’univers comme ça et ça permet de faire évoluer son travail aussi.
Ce style brut, on le retrouve dans votre BD Le Dossier Thanatos, écrit avec Roger Seiter et sortie en 2022 (édition Robinson Eds). Quelle est l’histoire derrière cette œuvre ?
L’histoire se passe au XIXème siècle où des hommes riches sont retrouvés morts dans d’étranges circonstances et dont leurs âmes continuent à vivre. Le détective Clayton McRae enquête sur le sujet et découvre que ces personnes ont toutes un lien : « des maris violents qui ont peu respecté leurs épouses ».
J’ai adoré l’histoire puisque cela parle de la condition des femmes à cette époque : cinq femmes qui sont au centre de l’enquête et qui ont un rôle essentiel dans le récit. Le Dossier Thanatos parle de choses qui nous touchent actuellement. Je trouvais intéressant de faire ce lien entre le passé et notre actualité contemporaine.
Cette BD est à la lisière entre le polar et le fantastique. Je voulais créer un écart fantastique en intégrant le monde du spiritisme. J’ai collaboré avec Roger Seiter qui m’a proposé un scénario.
Aujourd’hui, quelques planches de la BD sont exposées au jardin Darcy. Ce n’est pas la première fois qu’on regarde vos illustrations dans Dijon. Ravi d’être contacté une deuxième fois par la Ville ?
Bien sûr, je suis ravi ! La première fois, on m’avait contacté pour l’exposition « Dijon vu par« . Christine Martin, adjointe au maire chargée de la culture, avait repéré mon travail d’auteur et m’a proposé de participer à ce projet. J’avais dessiné Dijon sous un angle steampunk et futuriste, totalement décalé de ce qu’est la ville aujourd’hui.
L’exposition de la BD Le Dossier Thanatos, elle existe grace à la librairie Momie (29 rue des Godrans) qui a participé aux tirages de la BD. La Ville, dont Christine Martin toujours très enthousiaste, a suivi derrière. L’emplacement de Darcy est très sollicité, je l’ai demandé, il y a peut-être plus d’un an. C’est un bel endroit, il y a beaucoup de monde qui circulent alors je ne peux être que satisfait.
Vous avez déjà écrit des BD qui retracent l’histoire de la Bourgogne, dont Les Ducs de Bourgogne (Edition de Bourgogne) version Game of Thrones. C’est une super idée, comment l’avez-vous concrétisé ?
C’est sorti il y a 3 ou 4 ans, c’est un livre illustré qui retrace l’histoire des Ducs de Bourgogne. Mais dans les illustrations, j’ai voulu que cela éduque, que cela nous parle plus que les anciens tableaux. Je voulais que les personnages aient un côté un peu manga, un peu « badass ». On retrouve des personnes qu’on a dans la culture pop/contemporaine, ce que j’aime.
L’auteur de Game of Thrones, George R. R. Martin, n’avait fait qu’une seule visite en France et c’était à Dijon. Il a dit s’être inspiré de l’histoire des Ducs pour écrire le roman, ce qui m’a poussé à aller dans son sens et écrire un livre dans un univers fantastique et plus décalé.
Dans le fond, vous êtes un passionné d’histoire avec un grand H…
L’Histoire, quand on travaille le domaine de l’imaginaire, on se rend compte que c’est une source d’inspiration inépuisable. On peut aller chercher les choses du réel pour nourrir sa fiction.
C’est très intéressant de savoir ce qui a pu se passer avant pour pouvoir projeter des choses soit dans le futur, soit des choses plus imaginaires. Un peu comme Georges R. R. Martin pour Game of Thrones, il est allé se chercher des histoires dans l’Histoire d’Europe, de la Bourgogne. Pour créer une fiction, avec un peu de dark fantasy, la démarche c’est un peu la même !
Depuis le temps que vous faites ce métier, avez-vous observé une évolution dans le travail d’illustrateur ?
C’est sûr que cela a évolué. Avant, par exemple, c’était plus simple de prendre des rendez-vous avec les éditeurs ou les directeurs artistiques. Maintenant tout passe par des dossiers PDF, il y a moins de contacts humains. Ou alors les professionnels repèrent sur Instagram, des choses comme ça. Instagram peut être utilisé comme une belle vitrine donc ça permet de faire connaître son travail, puisque beaucoup de monde va sur cette application.
Je préfère toutefois Facebook à Instagram. Ça permet d’avoir un lien plus direct avec les gens, qui y sont plus bavards que sur Instagram. Ils vont poser beaucoup plus de questions, ça reste vraiment convivial.
Vous n’êtes pas qu’illustrateur, vous donnez aussi des cours. D’ailleurs, est-ce que c’est évident de gagner sa vie en tant qu’illustrateur ?
En faisant des bandes dessinées, ce n’est pas évident, mais le fait de donner des cours à des jeunes illustrateurs ça permet de partager sa passion et son expérience. À l’inverse, j’en apprends beaucoup en découvrant ce que les jeunes aiment aujourd’hui, comment eux voient les choses. Et puis , cela permet également de connaître leurs références : je trouve ça passionnant parce qu’on n’a pas forcément les mêmes modèles et je peux voir comment les choses évoluent !
Merci Jean-Louis Thouard !
Merci à vous !