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Interview. Eric Toledano et Olivier Nakache à Dijon

En octobre prochain sortira le nouveau film Une année difficile, réalisé par Eric Toledano et Olivier Nakache. L’avant-première du film a été présentée le 16 juin à Dijon. Interview.

Aussitôt le film monté, aussitôt la tournée lancée. Pour leur nouveau film Une année difficile, Olivier Nakache et Eric Toledano (les réalisateurs du cultissime Intouchables, ndlr.)  étaient de passage, mardi dernier, à Dijon pour présenter leur film au public. La rédaction de J’aime Dijon a pu les rencontrer…

Ce mardi 16 juin, vous avez présenté votre film Une année difficile. À la fin de la projection, il y a eu une standing ovation. Comment avez-vous réagi ?

Eric Toledano, un des réalisateurs du film "Une année difficile"
Eric Toledano, un des réalisateurs du film « Une année difficile ». Crédit photo : Déböna Bélé / J’aime Dijon

Éric Toledano. Comme une caresse exceptionnelle ! On n’a pas de bande-annonce, pas d’affiche, on arrive sans prévenir et les salles sont pleines. Si en plus, elles nous font l’honneur et la gentillesse d’applaudir, c’est exceptionnel. Franchement, on ne pouvait pas rêver mieux comme accueil.

Le film va officiellement sortir en octobre, pourquoi proposer une avant-première aussi tôt ?

E.T. : Nous ne pouvions pas rester à attendre. Nous étions trop stressés et nous avions cette envie de partager le film avec le public. Donc on a demandé à notre producteur et à Gaumont si on pouvait faire une grosse tournée dans toute la France. On voulait aller partout et surtout essayer d’aller à la rencontre de petits exploitants du cinéma et d’un public qu’on ne voit pas, qui ne passe pas habituellement par les grandes villes.

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Le film parle de l’écologique, un sujet dans l’ère du temps, ainsi que le surendettement. Comment êtes-vous parvenu à le traiter ? Et pourquoi ce sujet ?

Olivier Nakache, un des réalisateurs du film "Une année difficile"
Olivier Nakache, un des réalisateurs du film « Une année difficile ». Crédit photo : Déböna Bélé / J’aime Dijon

Olivier Nakache. C’est vrai qu’avec Éric on fait des films contemporains avec des questionnements actuelles. On est très poreux sur les sujets de société qui secouent un peu notre environnement, notamment en ce qui concerne la crise climatique. Nous avons été frappé par les images des personnes qui se jettent dans les magasins lors du Black Friday. On a été saisi par des images de jeunes qui font des actions chocs, qui vont bloquer la Banque de France ou récemment ces groupes qui jettent de la soupe sur des œuvres d’art. Cela raconte beaucoup de choses sur notre époque.

E.T. : Il y a du symbole dans cette génération qui va essayer d’asperger un tableau dans les musées. On a toujours envie de questionner ces symboles et c’est peut-être l’enjeu principal de notre cinéma : de signer quelque chose qui peut faire réfléchir tout en divertissant.

Est-ce que vous êtes allés voir des militants pour vous inspirer ? Pour apprendre les codes du militantisme écologique et le mettre en image dans votre film ?

E.T. : D’abord, nous avons beaucoup regardé les réseaux sociaux des différents mouvements écologiques, puis nous nous sommes inscrits dans une association. Très vite, on a été à la rencontre des gens qui organisaient la réunion, on leur a dit que ça nous intéressait mais qu’on voulait aussi faire un film. Ils ont eu une réaction très claire : « on fait tout ça pour alerter les consciences. Donc si vous faites un film, ça nous intéresse, mais est-ce qu’on peut avoir accès aux scénarios ? ». Non seulement on était d’accord, mais certains ont aussi participer aux scènes du film. Quand ils bloquent la Banque de France ou interviennent à la Fashion Week, ce sont des militants qui ont bien voulu participer au film et qui étaient à l’origine de certaines des actions.

Et vous, par rapport aux personnages de Jonathan Cohen et Pio Marmaï, vous êtes plutôt consumériste ou tout le contraire ?

E.T. : On est plutôt comme les héros du film c’est-à-dire qu’on est cinquantenaire, on a grandi dans un monde où la consommation n’était pas taboue ni négative. Et puis on a des enfants qui commencent à avoir un discours totalement opposé. Donc on est un peu comme nos héros, c’est-à-dire sur un pont entre deux rives. Avec un monde qui est derrière nous et un monde qui est devant nous. Une danse, une valse entre deux mondes différents. Je dirais qu’à ce niveau-là, on ne sait plus trop sur quel pied danser.

Au départ, Alban Ivanov devait avoir le rôle mais il a laissé sa place à Jonathan Cohen. Vous avez tout de suite opté pour lui, qui est lui aussi dans l’air du temps ?

O.N. : Trois heures après avoir su qu’Alban ne pouvait pas faire le film, nous prenions un café avec Jonathan Cohen qui nous a dit « Écoutez, là je sors d’un tournage harassant (qui était le Flambeau, ndlr), je suis au bout du rouleau, donc je sais pas si je pourrais assurer ». On lui a dit « C’est exactement un personnage au bout du rouleau qu’il nous faut, c’est parfait, ne change rien » et c’est comme ça qu’il a intégré le navire. Alors oui, on s’est adapté, on a évidemment réécrit des scènes. Alban n’a pas la même nature que Jonathan.

C’est votre 8ème collaboration ensemble. Vous avez parlé du handicap dans Intouchables, de la psychologie dans la série En Thérapie, de la situation des réfugiés dans Samba. Pour votre prochain long-métrage, savez-vous quel thème vous souhaitez aborder ?

E.T : À ce jour, on est encore en réflexion mais avec ce film, il y a quelque chose qui nous a interpellé et qui pourrait être suivi : c’est la différence entre notre monde à nous, lorsqu’on était adolescent, et celle que l’on connaît aujourd’hui. Presque comme un pays différent avec une culture différente. On a presque envie de présenter le monde qu’on a connu à nos enfants parce que, parfois, c’est difficile de le raconter. Vous voyez, si je dis à mon fils qu’il n’y avait qu’un seul téléphone dans la maison et qu’on se frappait avec mes frères et sœurs pour savoir qui allait libérer la ligne, ce pourrait être drôle à raconter. Aujourd’hui, ce sont des situations qu’on a complètement oublié. Peut-être qu’avant d’entrer dans un monde totalement numérique, on avait encore envie de capturer ces moments-là.

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