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Toc toc, qui va là ? Le lynchage de Jacques Marsac

Savez-vous qu’à Dijon, s’est déroulée une histoire de lynchage public digne d’un ouvrage de Jean Teulé ? Pourquoi, le 16 février 1945, des Dijonnais se sont-ils acharnés sur le commissaire principal de la police de Dijon Jacques Marsac ? 

L’annonce fracassante de l’ajournement du procès du commissaire de police collaborationniste Jacques Marsac a instantanément éveillé les foudres de la population encore sous le choc de ses terribles agissements pendant la Seconde Guerre Mondiale.

Un sentiment d’impunité et d’injustice nourrit alors la soif de vengeance du peuple. En effet, coupable de la mort de résistants et de quatre jeunes normaliens, Jacques Marsac devait répondre de ses actes devant la justice. Les rumeurs allaient alors bon train, certains se figurant même que les nombreuses complicités dont bénéficiait Marsac lui permettraient d’échapper à la justice

L’effroi et la colère grandissaient dans l’esprit et le cœur des Dijonnais jusqu’à les mener à un inévitable soulèvement populaire.

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À la suite de la décision de report du procès tant attendu, deux manifestations se sont tenues le 15 février 1945. Pour grossir les rangs de cette foule en liesse, étudiants, ouvriers et même commerçants ont stoppé le travail.

Par peur des débordements, le maire de l’époque Georges Cosme appela le peuple à manifester dans le calme et la dignité.

Beaucoup prirent alors la parole à l’instar de Claude Guyot, président du comité de libération socialiste, Marcel Asmus, secrétaire général du parti communiste français, Brantus président du mouvement de libération nationale, Billard, responsable des syndicats chrétiens et même le Chanoine Kir alors adjoint au maire et membre du comité de libération qui appela, lui, plutôt au calme et à la solidarité auprès des familles des victimes.

C’est Claude Guyot qui, le premier, évoqua la constitution d’un cortège qui se rendrait devant le palais de justice puis la prison où était écroué Marsac, demandant à la foule de scander « nous jurons de venger nos morts ».

La foule en ébullition se saisit alors de tout ce qui put servir d’armes. L’excitation enflait au fil de la déambulation et les paroles de la Marseillaise et de l’Internationale  résonnaient à tout rompre dans les rues du centre-ville de Dijon. 

Arrivés devant la prison, les manifestants se joignirent à un autre groupe lourdement armé, réussirent à envahir la prison et trouvèrent rapidement le maudit Jacques Marsac. À leur grand étonnement, ils découvrirent un homme tristement ordinaire loin du monstre que chacun s’était figuré. Comment imaginer que cet homme ait pu commettre de telles atrocités ?

Les coups se mirent rapidement à pleuvoir, les Dijonnais, encore traumatisés par l’épouvantable guerre, déchainèrent alors leur violence inouïe sur le jeune homme de 28 ans. Je vous ferai grâce des détails tant les tortures infligées étaient indicibles et les brutalités extrêmes.  

Jacques Marsac a été suspendu aux grilles de l’Hôtel de Ville

Déjà mort, Jacques Marsac fut pendu en plusieurs endroits du centre-ville pour terminer suspendu aux grilles de l’Hôtel de Ville à la merci des coups, insultes et autres crachats des Dijonnais bouillonnants de haine. Le maire, aux premières loges de l’ignominie, cria alors que tous déshonoraient Dijon.

Jacques Marsac fut transféré à la morgue de l’hôpital de Dijon le soir du 16 février 1945, chacun ayant en tête qu’aussi barbare soit cet acte celui-ci ferait jurisprudence auprès des collaborateurs qui ne pourraient plus jamais se sentir à l’abri.

Cette histoire n’est pas sans rappeler, dans sa violence, le roman de Jean Teulé, « Mangez-le si vous voulez » dans lequel Alain de Monéys, soumis à la vindicte populaire, fut lynché puis mis à mort au moment de la guerre de Prusse par les habitants du village dont il était issu. 

Ah que c’est terrible une foule en colère ! Mais si Teulé note que « cette gestion instinctive et collective du massacre dilue la responsabilité », la différence entre les deux histoires est que de Monéys était vraisemblablement innocent, lui.

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