Dans le cadre de l’opération du Safthon, « tables jaunes », organisée par SAF France et l’Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie (UMIH), une déambulation pour sensibiliser sur l’alcoolisation fœtale a eu lieu aux Halles de Dijon samedi matin, en présence d’acteurs politiques, économiques et médicaux.
Chaque année, plus de 15.000 enfants naissent avec des troubles causés par l’alcoolisation fœtale, en raison de leur exposition pré-natale à l’alcool. Celle-ci peut avoir des conséquences très graves, notamment physiques et neuro-développementales, sur la santé de l’enfant à naître. Lutter contre l’alcoolisation pré-natale est donc un enjeu de santé publique.
Le message : pas d’alcool pendant la grossesse
L’UMIH, présidée par Thierry Marx au national, et Patrick Jacquier en Côte-d’Or, mobilise son réseau de l’hôtellerie et de la restauration, pour aider SAF France à informer les commerçants et les clients sur les risques de l’alcoolisation fœtale pour l’enfant. Avec l’opération « tables jaunes », les établissements ont l’opportunité de sensibiliser leur clientèle à l’alcoolisation fœtale, avec des t-shirts, des brassards, des affichages et des sets de table dédiés.
Toujours dans l’objectif de prévenir et de sensibiliser, une déambulation aux Halles de Dijon était organisée ce matin, en présence d’acteurs politiques, économiques et médicaux. Le message de la matinée ? La consommation d’alcool pendant la grossesse et l’allaitement présentent des risques pour la santé de l’enfant.
Fadila Khattabi, ministre déléguée en charge des Personnes handicapées, et marraine de l’opération, a pu échanger à cette occasion avec plusieurs cafetiers et restaurateurs. » 2% des enfants naissent chaque année avec des troubles causés par l’alcoolisation fœtale : troubles du comportement, troubles dys, troubles du neuro-développement, troubles du spectre de l’autisme. Ce sont des handicaps que l’on peut éviter grâce à l’information de toutes et tous, sans pour autant culpabiliser les femmes. La sur-consommation d’alcool peut être liée à un contexte de violences familiales et intra-conjugales, a rappelé la ministre. La consommation d’alcool peut aussi être le résultat d’une méconnaissance sur les risques que celle-ci représente pour l’enfant pendant la grossesse, et même l’allaitement ».
Pour rappel, 27% des femmes enceintes consomment de l’alcool après avoir su qu’elles étaient enceintes, et un tiers des médecins n’aborderaient pas systématiquement la question de l’alcool lors d’un suivi de grossesse, selon une étude commandée par SAF France à OpinionWay.
Présent ce matin, le Dr Denis Lamblin, président de SAF France, a lui aussi alerté sur les risques de la consommation d’alcool pendant la grossesse, ainsi que sur la nécessité d’organiser des campagnes de sensibilisation pour diminuer l’alcoolisation fœtale, prédisposant à des lésions cérébrales in utero, ainsi qu’à près de 400 maladies. En plus du risque sanitaire, le risque social est, toujours selon le médecin, un élément à prendre en compte : l’alcoolisation fœtale favoriserait l’émergence de déficiences cognitives, comportementales et d’adaptation sociale, et, in fine, les phénomènes de marginalisation sociale et de délinquance. « Les enjeux sont multiples sanitaires, sociaux, judiciaires, scolaires, et même économiques. Sauver un enfant des troubles du spectre de l’alcoolisation fœtale permettrait de réaliser 1,3 millions d’euros d’économie. C’est de l’argent qui pourrait être recentré vers le traitement des pathologies génétiques qu’on n’arrive pour l’instant pas à prévenir », a ajouté le président de SAF France.
Des réponses multiples, locales et nationales
La ville de Dijon est engagée sur les questions de sensibilisation à la consommation d’alcool, notamment des femmes enceintes. Des déambulations ont eu lieu cette année, place de la République, le 15 juin et le 20 juillet. « Lors de ces déambulations, nous avons rencontré plus de 500 personnes pour faire de la prévention sur les risques liés à l’alcool et aux addictions« , a déclaré Nadjoua Belhadef, adjointe au maire déléguée au commerce et à l’artisanat. Une charte de la vie nocturne est même en préparation et devrait être signée par la préfecture, la ville de Dijon, l’UMIH, les associations étudiantes et les associations de prévention pour engager les acteurs sur des missions de prévention à la consommation d’alcool.
De manière plus globale, la ministre déléguée en charge des Personnes handicapées a évoqué les stratégies et projets réalisés depuis le premier quinquennat du Président de la République Emmanuel Macron pour appréhender les troubles du neuro-développement : « aujourd’hui la France est le premier pays européen, avec 700 chercheurs, en matière de recherche sur les troubles du neuro-développement« . 5 centres d’excellences ont déjà été mis en place, et un sixième est en cours de création. Un Institut du cerveau verra également le jour à l’Hôpital Debré à Paris.
Crédit photos : Edgar Charchaude / J’aime Dijon