Hamid El Hassouni : « La résidence Boutaric, c’était l’esprit village »

La résidence Boutaric disparaît, petit à petit, sous la mâchoire de la grignoteuse. Ce lundi 28 août, Hamid El Hassouni, Président de Grand Dijon Habitat, nous a donné rendez-vous afin de rendre un dernier hommage à ce lieu.

La grignoteuse, un monstre à la « tête de dragon » de plusieurs mètres de haut, donne le clap de fin à la résidence Boutaric des Grésilles.

Ce lundi 28 août, c’est non sans une pointe de nostalgie que Hamid El Hassouni, Président de Grand Dijon Habitat et Nuray Akpinar-Istiquam, adjointe au maire de Dijon chargée du logement et de la politique de la ville et Vice-présidente de Grand Dijon Habitat, parlent de la déconstruction de la résidence Boutaric.

« La résidence Boutaric vit ses dernières semaines, ses derniers jours, ses dernières secondes. C’est une prise de décision qui n’a pas été facile mais mûrement assumée. Il y avait une envie de tourner la page », déclare le président de Grand Dijon Habitat, qui a lui même vécu dans le quartier.

Construite en 1958, la résidence Boutaric a accueilli près de 4.000 habitants en son sein. La déconstruction était nécessaire pour améliorer le cadre de vie des Dijonnais, le bâtiment devenant vétuste. Les habitants qui y étaient encore en 2022 ont pu être relogés, pour la plupart dans le quartier des Grésilles.

Une déconstruction sous le signe du réemploi des matériaux

La déconstruction de la résidence Boutaric à la grignoteuse, aux Grésilles
La déconstruction de la résidence Boutaric à la grignoteuse, aux Grésilles. Crédit photo : Déböna Bélé / J’aime Dijon

Les matériaux du bâtiment vont être réutilisés. En mars dernier, Grand Dijon Habitat avait fait appel à l’association Bobi Réemploi, qui était déjà présente lors de la destruction de l’ancien centre Dauphine et futur Dijon Dauphine (lire notre article), afin de récupérer des objets et les vendre au grand public. Au total, ce sont près de 14 tonnes de gravas qui vont retrouver une seconde vie, notamment pour la voirie. Ce qui représente une économie de 5 tonnes de CO².

La résidence Boutaric n’est pas la première à tomber. La cité Paul-Bur a subi le même sort en 2010, de même pour les cités Lochères, Billardon, Réaumur et Épirey. La fin du chantier est programmée entre novembre et décembre 2023. Le coût total de la déconstruction est évalué à près de 2,25 millions d’euros.

De nouvelles résidences en accession sociale à la propriété à la place ?

Selon le président de Grand Dijon Habitat, ce nouveau terrain accueillerait de nouvelles résidences, cette fois-ci accessibles à la propriété. « Ce qui est sûr, c’est qu’on n’aura pas de grands ensembles. Cette époque est révolue et nous ne voulons pas commettre les erreurs du passé. Il faut construire des résidences à taille humaine, sachant que la majorité des Français souhaite accéder à la propriété. C’est pourquoi on ne souhaite plus s’orienter sur du logement social, dans la mesure où la ville a une proportion de logements sociaux relativement élevés aux Grésilles, et créer un rééquilibrage du peuplement », explique Hamid El Hassouni.

Pour l’heure, la discussion est surtout au travail de mémoire de ce lieu qui a été un des symboles forts du quartier. La mission a été confiée à Zutique Productions, qui avait également des locaux dans la résidence. Elle aura pour projet de recueillir la parole des anciens habitants et des archives. Elle conduira un projet de court-métrage sur la résidence Boutaric avec les réalisateurs Fabio Falzone et Diane Blondeau et également deux projets artistiques avec deux artistes :

  • Point communs par Cerize Fournier qui a créé deux vases en céramiques illustrés d’éléments propres à la résidence dont un des vases sera enterré pour constituer une sorte de capsule temporaire culturelle et artistique.
  • Vue d’Ensemble par Nicolas Baguet, qui a composé trois bannières textiles de 20 mètres et sérigraphiées de symboles issus de témoignages d’habitants.
Les deux vases de Cerize Fournier et une bannière de Nicolas Baguet, en hommage à la résidence Boutaric
Les deux vases de Cerize Fournier et une bannière de Nicolas Baguet, en hommage à la résidence Boutaric. Crédit photo : Zutique Productions