Série documentaire parmi les plus populaires du service public audiovisuel, La conspiration du silence sera diffusée pour une 3e et dernière saison en prime time, ce dimanche soir à 21 h 05, sur France 3 Bourgogne-Franche-Comté, antenne qui en a eu l’idée originale.
La conspiration du silence, série documentaire co-produite par France 3 Bourgogne-Franche-Comté et AMDA Production sur les crimes commis dans l’Yonne des années 70 à aujourd’hui, fait son retour avec une 3e et ultime saison. Déjà disponible en avant-première sur la plateforme france.tv (suivre le lien) ; la série sera diffusée à la télévision en prime time sur l’antenne régionale, lors d’une émission spéciale présentée par la journaliste Elsa Bezin et réalisée par Olivier Chevillard, ce dimanche soir à 21 h 05.
« Une fresque sociétale » et une « somme de lâchetés individuelles et de silences »
Née d’une idée originale de France 3 Bourgogne-Franche-Comté, la série documentaire met en image une « fresque sociétale » inédite, riche « d’archives, de récits et de témoignages », explique Pascale Pfister, directrice de l’antenne. « Au-delà des faits, on raconte ce qu’était la société dans l’Yonne. Contextualiser, c’est aussi notre rôle de service public ».
Et ce, toujours en poursuivant le même angle : La conspiration du silence. « Le titre est très fort. Je ne pense pas que quelqu’un a mis en place une conspiration pour que personne ne parle, surtout que ce sont plusieurs affaires sur des années, précise la directrice de la chaîne régionale. En revanche, il y a une somme de lâchetés individuelles et de silences qui font que les affaires ne sont pas traitées ou le sont mal, que les victimes sont ignorées et que les familles sont méprisées. Des gens ont aussi préféré que les affaires ne sortent pas ».
Les deux premières saisons, qui avaient suivi les enquêtes autour des meurtres d’Émile Louis, le suicide du gendarme Jambert et les affaires de mœurs du couple Dunand, avaient connu un véritable succès populaire avec pas moins de trois millions de visionnages sur les plateformes. D’abord conçue comme un programme numérique réalisé avec les codes narratifs de la fiction, la série a très vite été diffusée à la télévision par France 3 Bourgogne-Franche-Comté, puis France 2. « Elle marquera les esprits », observe Nicolas Ricoud, délégué aux contenus.
Forte de sa matière documentaire et du travail de terrain des journalistes Thierry Fournet et Vincent Hérissé pendant plus de quatre ans et demi, la série mène l’enquête, dans ses derniers épisodes, sur Michel Fourniret et Monique Olivier, mais aussi sur Michel Garnier, éleveur de cochons à Venouse, accusé par Jérôme Nozet de l’avoir violé de ses 9 à 15 ans.
« J’ai dénoncé mon agresseur en novembre 2002 en déposant des tracts dans des boites aux lettres, puis en portant plainte. Mais à l’époque, les faits me concernant étaient prescrits. La gendarmerie, pour autant, n’investiguaient pas, explique l’homme de 53 ans qui a depuis créé l’association de protection de l’enfance Maryse Nozet, du nom de sa mère. J’ai commencé à faire le boulot par moi-même, puis j’ai retrouvé une, deux, trois victimes, puis, à la fin, le nom de 120 enfants en contact avec Michel Garnier. J’ai identifié 33 victimes potentielles ; 11 ont accepté de porter plainte, dont deux pour lesquelles il n’y avait pas de prescription. Ce qui a permis l’ouverture d’une instruction au parquet d’Auxerre. On se dirigeait vers un procès, mais Michel Garnier s’est suicidé en avril 2009″.