Le forum LaDYj.Tech se tenait ce 30 mars, dans le cadre du mois de l’égalité à Dijon. L’événement a mis en lumière le parcours de huit entrepreneuses.
Exit les clichés d’un entrepreneuriat seulement conjugué au masculin. Le forum LaDYj.Tech, qui s’est tenu à la Maison Régionale de L’Innovation, a permis la rencontre de différentes entrepreneuses et actrices du monde économique de la région.
La Vice-présidente de Dijon Métropole et déléguée en charge des PME et start-up, Marie-Hélène Juillard-Randrian, a ouvert le forum, accompagnée de plusieurs partenaires : BpiFrance avec Pierre-Alain Truan ou encore l’école de commerce dijonnais BSB avec Claire Maugras. L’objectif d’un tel événement était triple : mettre en avant les start-up créées par des femmes ; faire connaître les projets de ces femmes auprès d’investisseurs publics et privés ; et faire bouger les mentalités.
Divers thèmes y étaient abordés : « Créatrices de start-up, conjuguer science et entrepreneuriat, et si c’était à refaire ? » et « L’entrepreneuriat innovant au féminin, la clé d’une success story ? ».
Lumière sur sept start-up créées par des femmes
- FUNGU’IT, co-fondée par Jeanne Baudevin (Dijon) : une entreprise agro-alimentaire mettant en avant la nourriture locale et respectueuse de l’environnement ;
- EpiLAB, co-fondée par Murielle Rochelet (Dijon) : une plateforme qui a crée un kit de dépistage rapide de la tuberculose ;
- VERT LAINE, fondée par Delphine Rauscent (Auxerre) : une entreprise qui travaille la laine de mouton en tant qu’isolant ou pour l’engrais ;
- CROSSJECT, co-fondée par Xavière Castano (Dijon) : un laboratoire médicale qui a développé le dispositif Zenor® pour injecter sans aiguille le médicament nécessaire à travers la peau ;
- WOOSKILL, fondée par Sophie Kerob (Mâcon) : une plateforme d’échange de compétences de particulier à particulier et avec des professionnels ;
- COCOLIS, co-fondée par Eliette Vincent (Dijon) : le « Blablacar des colis », un service de co-transportage où le particulier peut utiliser l’espace disponible dans son véhicule pour transporter des objets ;
- HOLY OWLY, fondées par Stéphanie Bourgeois et Julie Boucon (Besançon) : « le Babbel/Duolingo pour les enfants », une application pour apprendre aux enfants à parler anglais.
Toutes ont pu partager leurs expériences en tant qu’entrepreneuses. Car, malgré un nombre croissant de personnes se lançant dans l’entrepreneuriat, Pierre-Alain Truan, délégué régional à BpiFrance, rappelle que « seules 30% des entreprises sont créées par des femmes en France« .
Peu de femmes entrepreneuses en France, « la société patriarcale en cause » ?
Ce décalage se joue à différents niveaux : sur l’éducation dès le plus jeune âge où la valeur de l’ambition est transmise aux garçons, tandis qu’on apprend aux filles à se faire plus discrètes. « La société patriarcale n’aide pas en ce sens », constate Jeanne Baudevin. Par conséquent, elles peuvent s’auto-censurer dans leurs compétences. Le décalage est davantage présent en fonction des domaines professionnels : par exemple, une femme travaillant dans le secteur scientifique a plus de mal à se montrer et à s’affirmer.
Par ailleurs, le fait que l’on retrouve moins de femmes dans des formations poussant à la création d’entreprises (grandes écoles de commerce, Polytechnique, etc.) crée ce pourcentage faible de femmes entrepreneuses. « Il devrait y avoir un accompagnement personnalisé, il n’est pas vraiment question de différences entre femme et homme », relève Claire Maugras, responsable incubateur à l’école de commerce BSB à Dijon.
Pour autant, le chemin est encore long. Les femmes se heurtent encore à des difficultés, notamment lorsqu’il faut parler de financement. Les femmes présentes lors des tables rondes avouaient souvent que les investisseurs se tournaient vers leur associé homme pour parler argent ; Sophie Kerob se souvient par exemple : « il m’est arrivée une fois qu’on me demande d’apporter le café. C’est à ce moment-là que j’ai compris qu’il était difficile d’être crédible et d’être considérée ».
De dispositifs permettent d’accompagner les femmes dans leur démarches entreprenariales (voir notre article sur le SAS Femmes et numérique). D’où la présence des différents partenaires, dont l’Enterprise Europe Network ou Deca-BFC, pendant le forum. « Il ne faut pas avoir peur d’échouer, cela fait partie du processus », rappelle Pierre-Alain Truan. Aujourd’hui, la parité et l’égalité sont plus que nécessaire ; Nathalie Koenders, première adjointe au maire de Dijon, invite les femmes à se soutenir mutuellement pour oser l’entrepreneuriat. « Il y a toujours des personnes, des modèles auxquels on peut s’inspirer. C’est comme cela que j’ai débuté ma carrière politique ».