Clap de fin pour le 45e congrès mondial de la vigne et du vin qui a définitivement positionné Dijon en capitale mondiale du vin.
La semaine vitivinicole vécue à Dijon a consacré les efforts fournis par la Cité des Ducs pour retrouver l’héritage de son terroir. Entouré de près de 1.600 hectares de vigne du temps des Ducs, et concurrençant directement la Côte de Nuits et la Côte de Beaune, Dijon perdit progressivement de sa superbe dans le secteur, jusqu’à redescendre à cinq hectares avec l’industrialisation, l’urbanisation et la phylloxera, un puceron venu d’Amérique à la fin du XIXe siècle.
Dijon est le nouveau cœur battant de l’OIV
Mais « grâce à l’action de François Rebsamen et de ses équipes, dans quelques temps, on repassera certainement à 100 hectares », avait rappelé en début d’année François Deseille, adjoint au maire en charge de la Cité internationale de la gastronomie et du vin. Pour réaliser cet objectif vitivinicole, la capitale ducale a racheté, il y a plus de dix ans, 150 hectares du plateau de la Cras, dont les huit hectares du domaine viticole. Plus de 50 hectares de vignes ont été plantés dans la métropole depuis (Dijon, Corcelles-les-Monts, Plombières-les-Dijon, Talant) et une trentaine d’autres sont en cours de plantation. « L’objectif est de ramener d’ici dix ans une centaine d’hectares de vignes », confirme Jean-Luc Theuret, président de l’Association des Vignerons du Bourgogne Dijon (AVBD).
L’AVBD a même déposé un dossier de candidature pour la création d’une nouvelle appellation « Bourgogne Dijon » auprès de l’Institut national de l’origine et de la qualité. « Dans nos sous-sols, on retrouve la richesse de la Côte de Beaune et de la Côte de Nuits, avec des calcaires de Comblanchien, de Ladoix ou de Dijon-Corton », ajoute le président chez nos confrères de Décideur (suivre le lien). Nathalie Koenders, première adjointe au maire, expliquait la stratégie lors d’un forum participatif : « Le nom Bourgogne est mondialement connu. C’est important qu’il soit rattaché au vin de Dijon ».
Accueillant le 45e congrès mondial de la vigne et du vin et le centenaire de l’OIV, souvent qualifié d’ONU du vin, et profitant par la même du moment pour inaugurer le nouveau siège de l’organisation à l’Hôtel Bouchu dit d’Esterno (suivre le lien), Dijon renoue avec son héritage ducal, faisant le lien avec les Climats du Vignoble de Bourgogne de la Côte de Nuits et de la Côte de Beaune, inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco. « Nous sommes également au cœur des vignobles de Bourgogne, mondialement connus, qui sont un parfait exemple de l’importance du terroir et de sa compréhension. De nombreux travaux sur le développement durable sont menés ici, donc l’ensemble de cet environnement nous parle beaucoup. Je tiens à remercier la métropole, la ville de Dijon et son maire, François Rebsamen, pour leur soutien à l’OIV. Ils ont accompli un travail immense pour revitaliser ce patrimoine viticole, s’est réjoui John Barker, directeur général de l’OIV (suivre le lien). La restauration de l’Hôtel Bouchu d’Esterno est symbolique de la restructuration du secteur du vin ».
Dans un contexte de mondialisation, l’OIV a des missions de normalisation et de coopération, et s’appuie sur un réseau de 1000 experts qui travaillent ensemble pour élaborer des normes et des recommandations qui assurent l’avenir de la filière vitivinicole, notamment face au changement climatique.
L’organisation regroupe pas moins de 50 pays qui représentent 86 % de la production totale et 71 % de la consommation mondiale de vin. Jusqu’à être qualifiée d' »ONU du vin » ? « Ce sera un grand événement diplomatique que nous préparons avec le gouvernement, puisqu’il y aura aussi une réunion de tous les ministres de l’agriculture des 50 États membres. La vigne et le vin, ce sont des enjeux économiques bien sûr. Mais ce sont aussi des enjeux scientifiques, historiques et de convivialité », avait prédit François Rebsamen lors de ses vœux pour l’année 2024 adressés à la population dijonnaise et métropolitaine. « Pau Roca (ancien directeur général de l’OIV, ndlr) m’expliquait avec conviction que Dijon avait tout pour devenir une ville diplomatique, pas seulement en matière agricole », avait déjà déclaré le maire quelques jours plutôt en conseil municipal.
Présente au cœur de la Bourgogne vitivinicole, aux Hospices de Beaune, au Château du Clos-Vougeot et au siège de l’OIV à Dijon, la ministre française de l’agriculture Annie Genevard n’a pas manqué de relever les nombreux enjeux de la filière, samedi dernier : préserver l’excellence de ce savoir-faire et l’adapter au changement climatique (suivre le lien). Pour promouvoir la durabilité du secteur, la France et 36 autres pays membres de l’OIV ont adopté une déclaration commune, à l’issue d’une conférence interministérielle réunie à Dijon le lendemain. « Je suis fière que la France, en tant qu’État fondateur et hôte du siège de l’OIV, se saisisse de cet anniversaire historique pour réaffirmer son attachement à l’organisation et l’importance qu’elle accorde au secteur viti-vinicole. Je remercie les 37 pays signataires de leur contribution et leur engagement pour l’avenir de cette filière d’excellence. Je me félicite du consensus trouvé par l’ensemble des pays présents qui a conduit à une adoption unanime de cette déclaration », a réagi la ministre.
Organisation technique et scientifique, l’OIV pourrait de façon permanente, via l’installation du siège à l’Hôtel Bouchu d’Esterno, renforcer encore plus le rôle culturel et diplomatique de la capitale ducale en s’ouvrant à d’autres pays pas encore membres. Le 14 novembre prochain, la Chine, troisième vignoble mondial en surfaces plantées, deviendra le 51e État à intégrer l’OIV.